Histoire

Je suis né au Japon. Ma mère, Awana, vient du Kenya. Mon père n'a jamais été là. Elle m'a inculqué les valeurs de ses ancêtres, les siennes, mais aussi les valeurs du Japon. La vie n'a pas toujours été facile : quand on est noir, qu'on est vulnérable, on ne sait pas toujours quoi répondre face aux moqueries. J'essayais de me fondre dans la masse. Pas de dreads, en uniforme, toujours à respecter les règles. Tout me convenait tant que j'avais mon diplôme, parce que c'était le seul moyen de me rassurer et de me dire que j'avais un moyen d'échapper à leur bêtise. Heureusement, quand on grandit, on tend à comprendre l'impact des choses sur les autres. Comme j'étais bon élève, je réussissais facilement à m'en sortir. J'étais moyen dans les autres matières, mais vraiment bon dans la littérature. J'avais quelques amis grâce au club de lecture et la vie me semblait déjà écrite.

Je ne saurais pas dire si c'est moi qui suis allé vers la mort ou si c'est elle qui m'a amenée à elle. Nōkanshi. J'ai assisté à un documentaire sur un concours qui avait lieu sur le sujet. J'ai été immédiatement happé par la beauté de la pratique : c'était un moment d'intimité, de connexion qui m'a pris au plus profond de moi. Une préparation avant la réincarnation, la vie après la mort. Des mains expertes qui vont d'un bout à l'autre, drapant dans une sorte de danse le futur enfant d'Hadès. Je n'avais jamais su ce que j'allais faire de ma vie jusqu'à ce moment-là.

Je me suis lancé dans la profession de thanatopracteur en apprenant auprès d'un de mes meilleurs mentor. Merci à Tanaka-sensei, qui m'a gracieusement offert son temps pendant deux ans. Grâce à mes économies, j'ai pris mon envol, quittant ma mère qui m'a toujours soutenu dans mes désirs.

Me voilà sur les sol de Chicago depuis un an. Ce fut avant tout une histoire d'adaptation avant un autre monde. J'ai fait la rencontre d'un étrange prêtre qui m'a beaucoup aidé pour ma nouvelle entreprise, en l'échange de quelques gemmes. J'ai compris que j'avais mis les pieds sur une limite : celle que Dweylline n'approuverait pas. Mais dans cette ville, tout le monde se sert ; alors pourquoi ne pas prendre ma part du marché ? Je veux voir ce que ce monde a à m'offrir et quelles rencontres le destin m'offrira.